MasquesRoman
Collection Ecritures 2017 Enfermement et dépendance affective sur fond de fête villageoise pyrénéenne. Dans sa maison forte à flanc de montagne, Mariam tisse des images de laine représentant des carapaces écartelées. Elle attend le retour de son mari mystérieusement disparu. Le jour de la fête annuelle du village, des conteurs masqués racontent des histoires réelles ou imaginaires sur le pays, le temps, la vie, la mort. Mariam fait partie du jury. Elle espère reconnaître son mari parmi les conteurs. Extraits de Masques Levée de bonne heure, la brodeuse fait et refait les mêmes pas de la fenêtre à sa planche à dessin, du dessin à la machine à broder. D’un geste habile, elle guide la chaînette de laine en décrivant des cercles concentriques sur la trame. Moire des temps modernes, elle tisse, coupe, transmet. Patiemment l’histoire se construit. Mariam reprend son carnet, transforme le dessin, boit un peu de café, écoute le grondement du gave en contrebas, dessine. Elle se remémore la nuit qu’elle vient de passer, revoit les images qui ont défilé dans sa tête. Images de l’absence. La vie du couple était devenue pesante. Or, ce matin, cette même vie lui manque.
Les deux visages se font face sur la toile. Mariam immobile contemple chacun d’eux. L’un est clair, l’autre foncé. Ils correspondent aux états d’âme de la brodeuse. Doute et espoir. Enfermement et libération. Désir de l’un, envie de l’autre. Interdit et transgression. Poids du quotidien et rêve d’une autre vie.
Illustration ci-contre : Les murs de Jéricho, broderie d'Elisabeth Baillon. Photo extraite du film de Pierre Pommier et Nadine Faingold ; L'Enceinte |