JovisRoman
Écritures Littérature, Romans, Nouvelle, Europe 2009 Les couleurs du temps se transforment quand Jovis enroule ses mains en longue-vue et observe le monde. Homme de coeur, proche de la nature, il initie son petit-fils à sa vision de la vie. Devenu reporter, Thomas utilise ce précieux héritage avec plus ou moins de bonheur sous le regard bienveillant d'un passeur de vie.. |
Commentaire de Daniel Cohen, directeur de la collection Ecritures aux éditions L'Harmattan Par sa tendresse, sa force intérieure, son humour et "le trottoir roulant" de son style, Pierre Pommier compose, du début à la fin, un livre sans nostalgie, mais un livre dont le passé dit notre présent. Un premier roman nous signale-t-on; certes mais alors un premier roman imprégné de l'expérience de la vie, de la subtilité du regard posé sur les êtres et les paysages. Il s'élève à l'universel et à la multiple splendeur par sa simplicité et la capacité qu'a l'auteur de se faire oublier en laissant sa création tendre son maillage et les situations cristalliser leur espace naturel ; le lecteur, dans la marge du récit, ne se lasse pas; c'est que cela ressemble aux choses de sa vie. Extraits de JOVIS « Tous les jours, Thomas se rendait à bicyclette au siège du journal « La Voix des Graves », où il effectuait son stage de fin d’études. Aux arrêts de bus, il observait les gens, imaginait leur nuit, leurs amours, leurs disputes. Certaines scènes se prolongeaient en vrai dans l’abribus. Le journal intercommunal était implanté à Pessac, capitale du vignoble des graves. Les reportages confiés à Thomas concernaient la plupart du temps les « marronniers » et des faits divers qui particularisaient la vie de la région. Son capteur de vie vissé dans son cerveau, il dépeignait ces scènes quotidiennes auxquelles il ajoutait une petite note d’étrangeté, d’humour, de fantaisie. A la fin du stage, il couvrit un fait divers. Abandonné par sa femme, un homme s’était barricadé chez lui avec ses enfants et menaçait de les tuer si elle ne revenait pas. La tragédie dura plusieurs jours. Thomas relata fidèlement les faits et ne put s’empêcher de les passer au filtre de sa lunette Jovis. Je vois la fillette qui peigne sans cesse sa poupée de chiffons. Son frère brandit un bâton comme s’il partait à l’assaut d’un bateau pirate. Le chien, sur la cretonne, porte un regard triste vers le forcené, son maître. Dans un bocal, un poisson rouge solitaire tourne en rond, indéfiniment. L’horloge a arrêté de marquer le temps. Par une fenêtre, s’engouffre le soleil et l’ombre géante du passeur de vie dont le regard protecteur ne quitte plus les enfants. Il dépeignit le forcené comme un personnage buté, attentif à ses enfants, écrasé de douleur après le départ de sa femme. Les gendarmes restaient en faction jour et nuit et eurent droit aux comptes rendus cocasses de Thomas qui les assimilait à de hiératiques guetteurs d’histoire. Au petit matin du troisième jour, le père ouvrit la porte de la maison qui donnait sur un grand jardin. Les gendarmes firent attention au moindre signe, scrutèrent le moindre geste. La fillette sortit et courut vers eux, serrant sa poupée contre elle. Le père et le fils restèrent dans la maison. Après un long et impressionnant silence, un coup de feu retentit, en provenance de la maison. Les gendarmes donnèrent l’assaut. Le père s’était tiré une balle dans la gorge. Terrorisé, son fils le regardait, infiniment triste. Ses reportages furent publiés dans le journal « Sud-Ouest ». Une radio l’interviewa. Thomas fut engagé par le journal régional en tant que localier. Les faits divers devinrent son fonds de commerce. |
Mots clés
Sentiments et situations. Transmission du regard sur la vie, petits riens du quotidien, enfermement affectif, libération sentimentale, amitié, étapes de la vie, univers du tramway et des trains, nature et environnement, journalisme et profession reporter, grand-père idéaliste… Lieux. Bordeaux, Pessac, Sud-Ouest, Pyrénées (vallée d’Aure, vallée de l’Oussouet) Larzac, Afrique Noire, île de Gorée, Maroc (gorges du Dadès), Guyane, archipel des Cyclades (île de Tinos) |